13/04/08

Un site exutoire pour les "journalistes en colère"

LE MONDE 11.04.08 17h17 • Mis à jour le 11.04.08 17h17
Les journalistes américains s'interrogent sur leur métier. L'un d'eux, Kiyoshi Martinez, âgé de 23 ans, qui a travaillé dans plusieurs journaux régionaux de l'Illinois, a créé le 10 février angryjournalist.com, un site exutoire pour journalistes mal dans leur peau. C'est à la suite de la lecture d'une étude sur le malaise de la profession que M. Martinez, qui se dit "déçu par son métier", a décidé de lancer ce site, avec comme mot d'ordre : "Pourquoi êtes-vous en colère aujourd'hui" ? Le site s'adresse aux professionnels des médias "sous-payés, qui travaillent trop, ignorés...", écrit M. Martinez.

Ce dernier s'est aussi fondé sur une étude réalisée par Scott Reinardy, professeur à Ball State University, sur la crise du journalisme. Cette étude montre, entre autres, que 31 % des jeunes journalistes (34 ans ou moins) souhaitent quitter la profession. Le chiffre atteint 1 sur 4 dans la tranche des 35-48 ans.
Depuis le 10 février, 3 839 commentaires ont été postés anonymement sur angryjournalist.com. Les griefs sont nombreux : charge de travail accrue, dégradation des conditions de travail, etc.

AUTOCENSURE
Nombre de journalistes regrettent surtout une baisse de la qualité et de la rigueur. La faute selon eux à des rédactions contraintes de réduire leurs effectifs. Autre grief : "Je regrette que le journalisme d'investigation soit mort parce que les actionnaires des journaux ont peur d'être poursuivis ou, pire, parce qu'ils ont peur de perde leurs annonceurs. Les journaux auraient-ils perdu leur rôle de chien de garde ?", s'interroge ainsi un contributeur.
D'autres dénoncent les pressions, l'autocensure et une dérive sensationnaliste au détriment d'informations plus sérieuses.
Plus curieusement, les critiques portent aussi sur Internet, qui a forcé les journaux et chaînes de télévision à se réinventer, en trouvant même de nouveaux modèles économiques, avec des conséquences douloureuses pour leurs employés. "Au diable la qualité, on nous demande simplement du remplissage sur les sites Internet", indique un autre "journaliste en colère". D'autres, plus jeunes, critiquent la résistance au changement de certains.
Le site a inspiré un imitateur, happyjournalist.com, lancé le 2 mars. Mais celui-ci n'a recueilli que... 97 commentaires.
M. Martinez estime que c'est "le dialogue qui est nécessaire et qu'il n'y aura pas de vainqueurs ou de perdants dans ce débat. Personne n'a encore trouvé la solution idéale pour cette transition vers le Net", estime-t-il, cité par l'AFP. En attendant, il oeuvre comme porte-parole du Sénat de l'Illinois.

Site Internet : angryjournalist.com.

Pascale Santi
Article paru dans l'édition du 12.04.08

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